AMI Low-Tech et ADEME


Moi, la charrette, remorque à vélo dont la conception a été commencée et est maintenue à ce jour par Véloma, je suis le fruit d'un long cheminement, d'itérations successives, d'expérimentations pour obtenir un engin roulant tractable à vélo stable et efficace. Ce chemin a croisé celui d'amis, de personnes désireuses de donner un avis ou dans le besoin de livrer des plantes en moins d'une heure de l'autre côté d'une ville trop chargée par des véhicules vides. Sur la route, j'ai rencontré l'ADEME, au travers d'un Appel à Manifestation d'Intérêt de l'agence francilienne lancé en mai 2020. Cet AMI avait pour thème les basses-technologies, ou low-tech.

Voici quels sont les objectifs énoncés par cet appel à projet

Ouvert, ascendant et promouvant des approches résolument systémiques de l'innovation, le présent AMI poursuit plusieurs objectifs dans une perspective d’autonomie, d’autosuffisance, d’adaptabilité, de transformabilité et de résilience territoriales :

  • Questionner l’organisation socioéconomique et territoriale des activités humaines à l’aune de l’échelle bien proportionnée pour la mise en œuvre d’une démarche « low- tech » : modèles organisationnels, modèles d’affaires, synergies et solidarités interterritoriales, etc. ;
  • Interroger les besoins en ressources au regard des limites physiques (finitude des ressources, etc.), technico-économiques (phénomène de saturation des capacités des systèmes techniques, taux de retour énergétique décroissants des ressources énergétiques, endettements, rendements théoriques maximaux, rendements décroissants des systèmes complexes, etc.) et humaines (résistances au changement de comportement) : sobriété, écologie de la demande, etc. ;
  • Étudier, dans toutes leurs dimensions (technologique, fiscale, législative, réglementaire, normative, etc.), les conditions d’émergence ainsi que les freins et les leviers au (re)déploiement de systèmes sociotechniques et économiques plus intensifs en emplois et plus sobres en consommation de ressources. Il s’agira ici de s’interroger sur la quantité et la qualité du travail humain et de caractériser ce que seraient des métiers et des emplois « low-tech » ainsi que les trajectoires de reconversion professionnelle associées dans les prochaines décennies à l’aune de la notion d’« esclave énergétique » et dans un contexte d’accès aux ressources (énergétiques notamment) de plus en plus limité. En particulier, seront-ils plus ou moins salariés, plus ou moins rémunérés, plus ou moins partagés, plus ou moins réflexifs et scientifiquement éclairés, plus ou moins manuels, plus ou moins physiques ?
  • Contribuer à remettre de la lucidité et de redonner du sens à l’innovation et à réinventer des métiers et emplois inspirants compatibles avec la réalité physique d’un monde fini par la transformation des récits collectifs aujourd’hui dominés par le paradigme de l’inflation technologique et de l’accumulation matérielle.

Alors que j'étais en prototypage dans l'atelier de Véloma, alors que le monde entier et la France en particulier étaient enfermés entre quatre murs, mes trois pneus se gonflaient, on m'accrochait derrière un vélo et je m'élançais dans les rues séquano-dyonisiennes pour livrer denrées et semis. Pendant ce temps, Véloma a envoyé un dossier à l'ADEME et est devenue, comme 9 autres structures, lauréate de cet appel à manifestation d'intérêt.

J'ai ainsi été propulsée sous les feux d'une petite communauté de bricoleurs, de créateurs, de rêveurs qui oeuvrent pour créer un autre monde, un monde où l'on pourrait aller faire ses courses avec son vélo, un monde où l'on pourrait m'emprunter ou me louer dans une maison de quartier, un monde où l'on pourrait télécharger mes plans sur internet pour les donner au soudeur du coin et qu'une soeur naisse ailleurs, un monde où l'on pourrait m'augmenter, me transfigurer, m'adapter à des usages non prévus lors de ma conception.

Ce monde décrit à l'instant, c'est celui vers lequel me porte Véloma avec l'aide de l'ADEME, du réseau mis à disposition et des copains dont tu peux faire partie. Je suis sur cette route depuis novembre 2020 et jusqu'à octobre 2022.